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Accident ferroviaire des Ponts de Cé

L'accident ferroviaire des Ponts de Cé a eu lieu le dimanche 4 août 1907 sur la ligne de Loudun à Angers Maître Ecole du réseau de l’Etat, lorsque le plancher d'un viaduc enjambant la Loire s'est effondré au passage d'un train allant d'Angers à Poitiers, précipitant la locomotive et les premiers wagons du convoi dans le fleuve. Cet accident spectaculaire au lourd bilan (vingt-sept morts) suscita l'émotion et des critiques contre l'État entrepreneur, mais ne donna lieu à aucune poursuite judiciaire.

​Circonstances

Le dimanche 4 août 1907, l'omnibus no 407 à destination de Poitiers, composé d'une locomotive, d'un tender, de deux fourgons et de sept voitures, quitte la gare d’Angers-Saint Laud à 11 h 25. À la foule dominicale habituelle venant en famille passer une journée de détente sur les bords de la Loire s'est ajoutée ce jour là celle se rendant à la fête patronale de Juigné sur Loire, et le convoi est bondé.

​L'accident

Après la gare d4angers-Maitre Ecole, où se séparent les voies de l’Ouest, du PO et de l'État, le train s'est engagé sur la voie unique vers Montreuil Bellay et s'est arrêté à la halte de La Pyramide, avant d'aborder une succession de trois ponts précédant la station des Ponts de Cé, située sur la rive gauche de la Loire. Il passe les deux premiers, l'un sur l'Authion, l'autre sur un petit bras du fleuve, dit de Saint-Aubin, et approche du dernier, enjambant son cours principal, le pont de Maurilliers, un viaduc métallique en treillis à tablier inférieur de 300 mètres de long .

C'est alors que la locomotive quitte les rails, et, roulant sur le plancher de la première travée, en défonce les tôles et s’abîme dans les eaux, profondes de trois à quatre mètres à cet endroit, heurtant dans sa chute la première pile du pont. Elle entraîne derrière elle son tender, le fourgon de tête et une voiture de troisième classe, ancienne et à caisse en bois, bondée de passagers dont la plupart, venant de Trélazé, sont montés à La Pyramide. L'attelage s'étant rompu, le frein à air arrête automatiquement le reste du train, la deuxième voiture demeurant suspendue en partie au dessus du vide.

​Secours et bilan

Le chauffeur du train et quelques voyageurs de la voiture immergée, dont le toit a sauté, ont pu s'extraire des débris pour gagner les rives à la nage ou se hisser sur le dessus du tender, qui émerge des flots. Très vite, des riverains, alertés par le bruit, surviennent avec leurs bateaux pour tenter de récupérer des survivants. Dans les heures qui suivent, deux compagnies du 6ème régiment du génie et quatre escadrons de cavalerie sont envoyés d'Angers pour assurer les secours alors que le préfet du Maine et Loire, Olivier Bascou, se rend sur place avec le procureur de la République. Entre temps, les lieux ont été envahis par une foule de badauds arrivés en voiture, en tramway électrique, en omnibus, ou à pied.

Averti de l'accident, le ministre des travaux publics, Louis Barthou quitte en fin de journée sa villégiature de Villers sur mer et arrive le lendemain matin par train spécial pour inspecter les lieux et visiter les blessés. Après avoir annoncé un crédit de 3000 francs pour les victimes et la prise en charge des frais d'obsèques par le réseau de l'État, il repart en début d'après midi, s'attirant les sarcasmes de L’Humanité qui qualifie ce passage en coup de vent d'« inutile cérémonie ».

Le courant a emporté des corps : le lendemain, des pêcheurs en récupéreront sept à quatre cents mètres du pont et ce n'est que cinq mois plus tard que les restes de la dernière disparue seront tirés du fleuve. En définitive, le bilan de l'accident s'élèvera à vingt-sept morts et quatorze blessés, dont deux gravement atteints. La ville de Trélazé comptera quinze de ses habitants, essentiellement des ouvriers des ardoisières, parmi les victimes.

La machine ne sera relevée que fin septembre, et hissée sur des chalands pour être évacuée par le fleuve. Provisoirement, dans l'attente du rétablissement de la voie, le service entre Les Ponts de Cé et Angers sera assuré par des autobus à vapeur Darracq Serpollet.

Même si l'accident a soulevé l'émotion et fait durant quelques jours les gros titres de la presse, il n'aura que peu de suites juridiques et politiques car ses causes seront jugées non fautives et l'interpellation à laquelle il donne lieu à la Chambre des Députés sombrera dans les dédales de la procédure parlementaire. Il contribue cependant à raviver le débat sur l'exploitation publique des chemins de fer à un moment où est envisagé un éventuel rachat de la compagnie de l'Ouest par l'État. Subsidiairement, il offre aussi à la hiérarchie catholique une nouvelle occasion de dénoncer l'altération du caractère sacré du dimanche.





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